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"Anna Rogde", goélette de 1868

16.04.2003

Première expérience réelle de navigation pour le mousse que je suis. Et j'ai pu rapidement faire semblant d'être un matelot. Les îles Lofoten sont une des beautés de la planète dont toute personne aimant les montagnes ne peut que tomber amoureuse. Des sommets aigus, enneigés, qui sortent de la mer pour aller chatouiller le soleil. Ils forment un inextricable lacis d´îles, de chenaux qui s'élargissent en fjords.

Dans le Tysfjord, les harengs sont venus s'installer depuis un siècle, quittant les côtes d'Islande pour les profondeurs de ce fjord norvégien.

Mise au point il y a je ne sais combien de milliers d'années,leur technique de défense est assez lamentable. Tous les individus du banc forment une grosse boule, aisément "pêchable" par qui sait où ils se cachent.

Arrive soudainement un gros filet qui en prélève des centaines de tonnes en quelques heures, de gros aspirateurs vidant les prises dans les cales des bateaux de pêche. Mais pour l'heure, tout va bien, la population de harengs est en augmentation.

Les orques aussi s'en donnent à coeur joie.. Ils arrivent en groupe de 5-8, un ou deux passant par dessous les harengs, leur montrant leur ventre blanc. Les harengs, pris de peur, remontent vers la surface. Un orque traverse alors le banc, leur donnant des coups de queue pour en assomer le plus possible. Ils n'ont plus qu'à se servir...

Les premiers jours de navigation, nous avions un skipper fort sympathique, mais ayant l'habitude de conduire des pétroliers, des ferry et autres machines puantes; les voiles, il n'en connaissait pas plus les noms que moi... Aussi, navigation au moteur en permanence. Mais j'ai quand même apprécié de tenir la barre, de nuit, avec tout le monde qui dort, juste le skipper qui me crie les cap à tenir depuis sa cabine, la lune qui fait briller les sommets enneigés des montagnes alentours.

Ce bateau appartenant à une association, son fonctionnement est un peu étrange. La manière de faire du skipper ne plaisant pas, ses idées de navigation non plus, l'équipage se réunit, en présence du capitaine, pendant que je suis derrière les fourneaux, pour voter. Le capitaine est mis en minorité et doit prendre la direction décidée par l'équipage...

Le lendemain, nous allons chercher un autre skipper, un petit homme à la nuque bloquée qui commence par nous faire monter les voiles pour le plus grand plaisir de tout le monde. Avec lui, nous pouvons enfin naviguer un peu, tirant des bords comme il se doit sur un voilier.

Le lendemain, j'ai l'occasion de tester l'étanchéité des combinaisons offertes par mon cousin Frédérik. (Merci encore!) Un coup de vent de force 6, avec des vagues par le travers fait régurgiter le dîner à quelques membres d'équipage, accoudés au bastingage. Je constate avec satisfaction que le mal de mer n'est pas pour moi quand la mer est si peu agitée. Profitant de la force du vent, nous dressons une voile carrée, un peu du genre de celle de notre Nordlandsbåt, ce qui nous permet de faire jusqu'à 9 noeuds, par plein vent arrière. Nous naviguons ainsi jusqu'à rentrer à notre port d'attache, Harstad, vers 2 heures du matin.

Ce soir, virée dans les bouges du port et retour, demain, en voiture, jusqu'à nos pots de teinture à l'huile de lin, pour passer les 18 couches restantes et mettre un autre Nordlandsbåt à l'eau, histoire de ramer un peu pendant que la teinture sèche.

N'ayez pas peur de nous écrire des messages, mêmes s'ils sont courts, débiles ou tout ce que vous voudrez. Cela nous fera toujours plaisir!




 

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