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Musique à Brønnøysund

24.05.2003

Pour l'instant, tout va carrément très bien. L'Océan est des plus cléments avec nous, nous donnant un bon vent arrière, ou alors pas de vent du tout, voire un faible vent contraire. Il a encore toute une autre palette de possibilités à nous montrer, mais je compte sur la "Grande Eau" pour rester affable avec les deux petits terriens que nous sommes encore.

Quand il n'y a pas de vent, et ben, on rame. Et les cloques du début sur mes petites et délicates mains de gratte-papier commencent à disparaître pour laisser place à un peu de corne. Pour l'instant, l'adaptation physique n'est pas encore complètement faite. Dès qu'un muscle a compris son travail et accepte de le faire sans rechigner, un autre découvre qu'il est aussi concerné. Pour l'heure, les bras, les épaules et les abdos sont au point, mais la cuisse gauche commence à se faire sentir.

Mais la rame a ceci de bon que, à partir d'un certain temps d'efforts, elle oblige l'esprit à s'évader, histoire d'oublier la dure condition de galérien qui est la nôtre. J'envoie alors le mien rôder dans le passé, autour du IXe siècle, et je peaufine les personnages de mon roman, les structures de mes chapitres. Et, jusqu'à maintenant, c'est pendant les périodes de rame que les nouvelles idées apparaissent.

Après la rame, le vent - si possible arrière -, ce qui donne une bonne stabilité au bateau et me permet de coucher toutes ces bonnes idées par écrit.

Ce matin, il était passé 1h quand nous sommes arrivés à Brønnøysund, et le coucher de soleil continuait à flamboyer à l'horizon, le rose du crépuscule bientôt éclipsé par la rougeur de l'aube. Mais d'étoile, point encore; pourtant, nous avons dépassé le cecle polaire, direction sud...

La session de musique s'est bien passée, malgré l'Armée du Salut qui nous a chassé à coups de grosses caisses et de flon-flons, pour venir jouer à cinq mètres de nous. Aucun respect des lois de la rue! Mais que faire contre la masse du nombre? Après avoir hésité un moment à dégainer et couper quelques têtes, nous avons pris le sage parti de ramasser nos cliques et nos claques pour aller jouer ailleurs.

Quelques chouettes rencontres: un amateur de Vikings qui m'engage pour jouer trois minutes auprès de ses hôtes sud-africains, des rappeurs; un fabriquant de bateau comme le nôtre, qui nous dit - encore une fois - que nous sommes fous de vouloir aller aux Shetland avec notre bateau (l'idée du cargo n'est pas encore exclue...) et qui nous donne une pièce de cuir pour nous fabriquer des protections pour nos rames; un Français vivant avec sa femme médecin dans les environs, membre de l'équipage d'un fembøring (un bateau comme le nôtre, mais plus grand, avec un pont et une cabine à l'arrière); et enfin un journaliste.

Celui-ci - Horn -, contrairement à la majorité de ses collègues qui promettent monts et merveilles pour disparaître ensuite dans la nature, une fois les photos prises et l'interwiew réalisée, celui-ci donc revient me trouver au port pour nous emmener voir une ferme des plus intéressantes. Spécialisée en herbes médicinales, en cactus, en repas gastronomique à la sauce viking, de nombreuses plates-bandes, des moutons, (excellents d'ailleurs ces moutons!), une maison route dont la base est faite de grosses pierres et le toit de planches de bois recouvertes de terre, un reconstitution de maison préhistorique (10000 av JC).

Thorbjørn, le vénérable ancêtre du lieu est un homme des plus attachants. Cultivé, parlant anglais, allemand et norvégien, mélangeant le tout, tout comme moi, nous arrivons à nous comprendre. Enfin quelqu'un qui est perdu dans le passé et qui en connaît un bon rayon de plus que moi! Un vrai plaisir...

Alors que nous nous préparions à partir, Horn nous propose de jouer un morceau pourt les convives du moment. Nous acceptons de bon coeur, mais que le monde est petit! Nous nous retrouvons face à l'Armée du Salut, ceux-là même qui nous ont piqué notre place... Grrrrr!
Mais nous jouons quand même et oublions vite cette petite rancoeur à la table du maître des lieux, (pour ceux qui connaissent Radagast, il lui ressemble pas mal) à déguster les succulentes préparations du maître queue.

Amusez-vous bien et grosses bises à tous.

 

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